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Pfas liste : comprendre les substances concernées et leurs impacts environnementaux

Pfas liste : comprendre les substances concernées et leurs impacts environnementaux

Pfas liste : comprendre les substances concernées et leurs impacts environnementaux

Que sont les PFAS et pourquoi en parle-t-on autant ?

On les surnomme parfois les « substances éternelles ». Les PFAS – pour per- et polyfluoroalkylées – sont un groupe de plus de 4 000 composés chimiques synthétiques aux propriétés exceptionnelles… mais au revers de médaille inquiétant. Résistants à l’eau, à la graisse, à la chaleur et à la dégradation, ces composés sont devenus omniprésents, des poêles antiadhésives à nos imperméables, en passant par les mousses anti-incendie. Mais à quel prix pour la planète et notre santé ?

Depuis quelques années, les scientifiques et les régulateurs tirent la sonnette d’alarme : les PFAS s’accumulent dans l’environnement, dans les organismes vivants, et ils ne se dégradent pratiquement pas. Un véritable casse-tête chimique aux conséquences encore mal cernées.

Une liste qui fait froid dans le dos

La « liste PFAS » n’est pas seulement une énumération technique : c’est un inventaire qui donne un aperçu de l’ampleur du problème. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) enregistre plus de 10 000 substances susceptibles d’être classées comme PFAS. Cependant, toutes n’ont pas le même profil de danger. Parmi les plus scrutées :

Le problème ? Même les alternatives aux PFAS bannis suscitent des préoccupations sanitaires et environnementales. Autrement dit : on remplace un perturbateur par un autre cousin chimique tout aussi indésirable. Un peu comme changer de fauteuil sur le Titanic…

Des impacts invisibles mais persistants

À première vue, les PFAS semblent inoffensifs. Inodores, incolores, discrets. Mais leur stabilité est justement leur plus grand défaut. Ils s’accumulent dans les sols, les nappes phréatiques, la faune sauvage… et nos propres organismes.

De nombreuses études mettent en évidence leurs effets sur la santé humaine. Les scientifiques soupçonnent des liens entre certains PFAS et :

Et l’environnement ne s’en sort pas mieux. Les PFAS ont été retrouvés dans l’eau de pluie aux quatre coins du globe, y compris dans des zones dites « vierges » comme l’Arctique. Une contamination planétaire silencieuse aux allures de catastrophe diffuse.

Des scandales qui réveillent les consciences

Vous souvenez-vous du film Dark Waters, avec Mark Ruffalo ? Il racontait l’histoire réelle d’un avocat s’attaquant à DuPont, l’un des géants américains de la chimie, après la contamination d’une ville entière en Virginie-Occidentale par du PFOA. Ce n’est pas un scénario hollywoodien : c’est un épisode emblématique d’un scandale sanitaire étouffé pendant des décennies.

Et ce cas n’est pas isolé. Aux Pays-Bas, l’usine Chemours (filiale de DuPont) est au cœur d’une tempête médiatique depuis que des niveaux élevés de PFAS ont été détectés dans les alentours, affectant les cultures et les eaux de surface. En France, la région lyonnaise (bassin industriel autour de Pierre-Bénite) est elle aussi dans le viseur, après des révélations sur des taux alarmants de PFAS dans l’eau et les sols.

Ces affaires ont un mérite : forcer les autorités à sortir du déni et à agir. Enfin, presque…

Une législation (trop) lente à s’adapter

Face à la pression publique et aux preuves scientifiques, l’Union européenne a commencé à bouger. Depuis janvier 2023, cinq pays (Pays-Bas, Allemagne, Danemark, Norvège et Suède) ont proposé une restriction quasi totale des PFAS, à l’exception de certains usages critiques (comme les dispositifs médicaux ou certaines technologies industrielles).

Objectif : encadrer globalement cette grande famille chimique, en mettant fin à la logique absurde de la régulation « molécule par molécule ». Une avancée ambitieuse… mais qui se heurte au lobbying intense de l’industrie, aux délais réglementaires, et aux besoins réels de transition pour certains secteurs.

Et ailleurs ? Aux États-Unis, certaines normes sont imposées au niveau des États (le Michigan, par exemple, a instauré des taux maximaux dans l’eau potable), tandis que l’EPA (Agence de protection de l’environnement) avance plus timidement à l’échelle fédérale.

Vers un monde libéré des PFAS ?

La bonne nouvelle, c’est que les alternatives existent. Peu à peu, des marques abandonnent les PFAS dans les textiles, les emballages alimentaires ou les cosmétiques. Certaines entreprises choisissent des revêtements naturels, des cires végétales, ou revoient leur processus de fabrication en profondeur.

Et du côté des citoyens ? Il y a aussi des gestes simples pour limiter son exposition :

Sur ce sujet, chaque choix compte. Nous ne pourrons peut-être pas éradiquer tous les PFAS déjà libérés dans la nature, mais nous pouvons limiter leur usage futur et mettre le cap sur des alternatives durables.

La Suisse en alerte

Chez nous, en Suisse, la vigilance monte d’un cran. En 2023, plusieurs cantons ont lancé des campagnes de mesures autour de sites industriels et de zones sensibles. Le canton de Soleure, par exemple, a détecté des concentrations de PFAS dans des nappes phréatiques supérieures aux seuils européens recommandés.

Et les autorités ? L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) commence à planifier une réglementation plus ferme sur ces substances, avec une stratégie nationale en cours d’élaboration. Mais le temps presse : plus longtemps on tarde, plus la dépollution sera complexe (et coûteuse).

Parce que l’éternité chimique n’est pas un progrès

Au fond, la saga des PFAS nous confronte à une question de société : à partir de quel moment l’innovation devient-elle un poison ? Résister à l’eau, à la graisse ou aux moisissures, c’est certes tentant. Mais si le prix à payer est un encrassement irréversible de notre environnement et de notre ADN, est-ce bien raisonnable ?

Les PFAS posent une énigme techno-éthique à laquelle nos sociétés ne sont pas encore préparées. Mais il est urgent d’apprendre, de comprendre, et d’agir. Pour ne pas laisser à nos enfants une planète aussi lisse qu’un imperméable… mais vide de vie.

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